10 kms/ 10 000 mètres : une distance, deux disciplines ?
10 kms/ 10 000 mètres : une distance, deux disciplines ?
Courir 10 kilomètres sur route ou 25 tours de piste, c’est la même chose sur le plan métrique. Mais ce sont deux types de course bien différentes.
Le 10 000 mètres est une discipline par essence élitiste. On peut parier que même si vous lisez ces lignes, vous n’en avez sans doute jamais disputé. Il faut dire que courir 25 tours de stade reste une exercice difficile, et qui n’a guère d’intérêt que pour ceux qui veulent vraiment courir vite.
Au contraire, le 10 kilomètres sur route est un évènement populaire. La distance est accessible au plus grand nombre. Chacun y vient pour relever son défi personnel : bataille contre le chrono, contre ses potes, pour finir la distance… toutes les motivations peuvent s’y rencontrer.
La longue histoire du 10 000 m
L’histoire des deux courses est très différente : le 10 000 mètres sur piste apparaît assez tôt. Le premier record du monde homologué par la fédération internationale d’athlétisme est établi par le français Jean Bouin, en 1911. 30 minutes et 58 secondes. La distance devient discipline olympique l’année suivante, à Stockholm. Commence alors le long règne des coureurs finlandais sur le demi-fond long. C’est l’un d’entre eux, Täisto Mäki qui sera le premier, en 1939, à battre la barrière des 30 minutes.
Les nordiques dominent presque sans partage la distance jusqu’à la seconde guerre mondiale. C’est ensuite l’avènement d’un coureur extraordinaire, le tchèque Emile Zatopek. Champion olympique en 1948 et 1952, il révolutionne l’approche de ces distances par son entraînement stakhanoviste. Il est également le premier à descendre sous les 29 minutes.
D’autres suivront. Le soviétique Vladimir Kuts reprend le flambeau et établit une marque à 28’30”.
Et puis bien sûr d’autres barrières vont tomber au fil des ans. Les pistes synthétiques apparaissent, les méthodes d’entraînement deviennent de plus en plus “sophistiquées”. Ron Clarke, le prodige australien, fait encore progresser la distance dans les années 60. Il est le premier sous les 28’, en réalisant même 27 mn 39 secondes 4 dixièmes, à Oslo, en 1965.
A ce niveau de performance, les secondes se gagnent durement. Il faudra attendre presque 30 ans, le 10 juillet 1993, toujours à Oslo, pour que le kenyan Yobes Ondieki franchisse lui la barrière des 27 minutes. 26 mn 58 s 38/100e pour l’histoire.
L’accélération de la baisse du record du monde masculin sera cependant assez effarante les années suivantes. Mais depuis les 26’17’53” de Kenenisa Bekele la marque semble avoir atteint un palier. Ce record, établi en 2005, n’a pas été approché depuis et une certaine
stagnation des performances de pointes est notable ces dernières années, même si la liste des athlètes ayant couru en moins de 27 minutes s’est encore largement étoffée.
Les femmes sont entrées dans la danse du 10 000 mètres sur piste beaucoup plus tard. Le premier record officiel est établi en 1981 par la soviétique Sipatova en 32’17”. Mais le chrono baissera rapidement : la norvégienne Ingrid Kristiansen descend largement sous les 31 (30’13”) dès la fin des années 80. La chinoise Wang Junxia passe même sous les 30’ avec un hallucinant 29’31” en 1993.
Cette marque tiendra jusqu’aux Jeux Olympiques de Rio l’an passé, où la non moins surprenante éthiopienne Almaz Ayana l’explose en 29’17”.
Quant aux records de France… la meilleure marque masculine est déjà ancienne, puisque les 27’22” de Tony Martins datent de 1992. Chez les filles, Christelle Daunay l’a établi en 31’35” en 2012, effaçant un record assez ancien lui aussi puisque les 31’42” de Rosario Murcia tenaient depuis 20 ans. Mais on reste très loin des records du monde, bien plus loin qu’il y a 20 ans chez les hommes… On notera que le record de France du 10 000 m est répertorié quant à lui depuis 1894.
10 kms route : une distance récente et populaire
Le 10 kms sur route est une discipline beaucoup plus récente. Il est né de la popularisation des courses “hors stades” avec quelques épreuves organisées dès la fin des années 70. Mais il faut attendre encore longtemps pour voir une officialisation de cette épreuve.
Ainsi, même en France qui reste un des pays “pionnier” de la discipline, les premiers championnats de France officiels n’auront lieu qu’en 1996, à Arras. Ils sont depuis organisés chaque année.
Mais la distance reste avant tout celle de grands rendez-vous populaires à travers le monde, qui permet à tous les runners de relever un beau défi. D’ailleurs, il n’existe aucun championnat du monde officiel.
Quant aux “records du monde”, ils restent moins élevés que sur piste, où les conditions sont optimisées pour aller vite. Néanmoins les 26’44” du kenyan Léonard Komon et les 30’45” de sa compatriote Jepkoskei sont assez impressionnants! Bien entendu, les conditions de course et les parcours permettent moins de comparaisons d’une épreuve à l’autre que sur la piste.
Une même distance, mais deux esprits bien différents malgré un effort de même nature!